
5 étoiles pour la transition écologique menée par Malaunay
Malaunay est la première petite ville à recevoir le label 5 étoiles du référentiel TETE de l’ADEME. Une distinction très reconnue à l’échelle européenne, du fait de sa qualité et de son niveau d’exigence. Malaunay peut désormais candidater au label gold porté par l’association European Energy Award dans l’objectif de rejoindre le club des villes européennes les plus avancées en matière de transition écologique, et continuer à partager son expérience au-delà des frontières. Entretien avec Nolwenn Leostic, responsable du service Transition et résilience de la commune de Malaunay.
C’est historique, Malaunay est la première “petite ville” (moins de 20 000 habitants) à obtenir ce label 5 étoiles. Que vient récompenser cette distinction ?
Cela signifie que Malaunay a mis en oeuvre 75% des 1 300 actions du référentiel “climat air énergie” de la labellisation Territoire Engagé pour la Transition Écologique de l’ADEME qui couvre tous les domaines de la transition : énergie, mobilité, protection de la biodiversité, gestion de l’eau, des déchets, implication citoyenne, coopération, etc. Le label permet de vérifier que la collectivité s’est dotée des “bonnes” délibérations, sur tous les domaines d’action de la ville, par exemple sur les achats durables, la réfection de voirie, etc. Le challenge c’est que ce label demande aussi d’actionner des leviers qui ne relèvent pas des compétences de la commune, mais de la Métropole. Cela demande d’embarquer tout le territoire et de se doter d’une ingénierie et de compétences techniques très importantes et surtout, pérennes. À Malaunay, nos démarches sont en cours depuis 2012 : c’est une action politique de longue durée.
Frise chronologique de la transition de Malaunay :

Qu’est-ce qui distingue la politique menée par votre commune depuis plus de 20 ans ?
Notre marque de fabrique se situe du côté de la vision systémique de la transition écologique : en pratique, cela implique de la transversalité à tous les niveaux. On ne réfléchit plus en silo, mais en mode projet à plusieurs services. Par exemple, on a travaillé sur l’implantation des containers de biodéchets avec le service l’urba, les services techniques, et moi-même. On implique aussi la Métropole et les bailleurs pour croiser nos points de vue et nos connaissances et proposer la solution technique la plus pertinente. C’est la même logique pour tous les projets, on cherche à croiser les expertises.
On mène aussi une politique très volontariste de diffusion de nos retours d’expérience. En additionnant l’ensemble des élus et des agents qui passent du temps à témoigner, ça représente environ 1 équivalent ETP/an à la ville de Malaunay. On a notamment construit un récit qui va à contre-courant de l’idée reçue que la transition ça coûte cher, avec le concept du “coût de l’inaction”. Concrètement, au moment de la crise énergétique, Malaunay a été en capacité de maintenir un niveau de service public élevé tout en maîtrisant les coûts de fonctionnement et d’investissement (voir l’article sur l’audition de la ville de Malaunay par la Cour régionale des comptes).
Malaunay chiffre le coût de l’inaction :

Comment embarquer les habitants du territoire dans un tel projet politique ?
Le projet de transition porté par Malaunay comporte un volet central sur l’implication du territoire. Une dynamique très fédératrice existe depuis 2018, avec le lancement de “la transition prend ses quartiers”, un dispositif d’accompagnement de l’ADEME. Sur une courte période de 3 mois, des coachs sont intervenus auprès de publics variés : groupes de voisins, entreprises, associations, écoles, etc. La ville s’est transformée suite à cet accompagnement, qui a eu un impact fort et des répercussions de long terme. Cela a donné naissance à une sorte de “convention citoyenne” davantage axée sur l’action : une association d’échange local a été créée, des citoyens sont devenus élus de la collectivité, des dynamiques ont été lancés dans de grandes entreprises et cela attire désormais de nouveaux acteurs économiques sur le territoire, un service municipal d’accompagnement aux initiatives citoyennes a été mis en place, etc. Les agents de la commune ont eux-mêmes été coachés au changement de comportement. Cette dynamique territoriale est prise en compte dans l’obtention des 5 étoiles du label.
“Malaunay mise sur l’humain pour réussir cette transition. C’est un vrai moteur, une fierté pour les équipes. Mais pour atteindre ce niveau d’exigence, c’est beaucoup d’années de travail, d’efforts de communication entre les services. Je crois qu’aujourd’hui, on ne mesure pas l’ampleur du chemin parcouru : la transition est intégrée de manière normalisée dans tous nos métiers.”
L’exemplarité de Malaunay montre qu’une petite commune peut devenir leader en matière de transition territoriale. Quelle est la place des agents de la collectivité dans ce projet de territoire ?
Qu’une commune de 6 000 habitants crée des postes de chargée de mission Transition et résilience ou de chargé de mission Implication citoyenne et animation du territoire, ce n’est pas commun. La volonté politique affichée, c’est de se doter d’une ingénierie humaine pour faire avancer les projets, d’avoir des agents avec un haut niveau d’expertise. En plus de recrutements spécifiques, toutes les fiches de postes ont été modifiées, pour que chaque agent de la ville ait au moins un objectif en lien avec la transition écologique. Cette transformation des métiers passe par de la formation et/ou du recrutement de profils motivés par ce type de projet de territoire. Malaunay mise sur l’humain pour réussir cette transition.
C’est un vrai moteur, une fierté pour les équipes. Mais pour atteindre ce niveau d’exigence, c’est beaucoup d’années de travail, d’efforts de communication entre les services. Je crois qu’aujourd’hui, on ne mesure pas l’ampleur du chemin parcouru : la transition est intégrée de manière normalisée dans tous nos métiers.
➡️ Pour aller plus loin : communiqué de presse complet