centrale hydroélectrique B 15 Muttersholtz
Centrale hydroélectrique de Muttersholtz
Stratégie territoriale
Grand Est

A Muttersholtz, la transition énergétique ne connaît pas la crise

A Muttersholtz, la municipalité s'est prémunie des effets de la crise de l'énergie, elle souhaite désormais poursuivre les efforts pour augmenter la résilience de son territoire.

Muttersholtz, une municipalité à énergie positive

Depuis 2013, la commune de Muttersholtz sous l’impulsion de son maire Patrick Barbier a pris à bras le corps la question de la transition énergétique en suivant le triptyque négaWatt (sobriété, efficacité, renouvelables). Une première étude menée par Alter Alsace Energies a permis d’identifier les leviers d’actions potentiels pour que ce territoire puisse devenir TEPOS. La labellisation TEPCV a ensuite ouvert le champ des possibles en matière d’investissement. Les partenariats financiers (Ademe, Région, Département, …) continuent  aujourd’hui de se multiplier pour concrétiser les ambitieux projets de la commune. Ses investissements n’auraient pu être réalisés sans le concours du responsable transition énergétique, poste financé grâce au soutien de l’Ademe.

Les projets sont déployés étapes par étapes de manière à assurer l’adhésion de la population. Sur l’éclairage public par exemple, la première action a été de rénover le parc pour gagner en efficacité énergétique (passage au leds, diminution du nombre de mâts) et faciliter son pilotage. Après avoir abaissé la puissance d’éclairage pendant la nuit, la commune a profité du confinement en 2020 pour expérimenter l’extinction nocturne. Depuis, les lampadaires sont éteints de minuit à 5h en semaine et à partir de 2h les vendredis et samedis. Maintenant, l’équipe municipale envisage de ne rallumer qu’à partir de 6h du matin, les piétons étant absents dans  les rues de la commune entre 5h et 6h.

Très au fait de ce qui se fait outre Rhin, Patrick Barbier pousse la performance énergétique des bâtiments communaux à son maximum : groupe scolaire et salle des fêtes rénovés au niveau BBC, mairie dépassant les objectifs BBC rénovation, et même un gymnase BEPOS. Le maire s’amuse d’ailleurs à raconter la surprise des associations qui utilisent le gymnase quand celui-ci leur a demandé de régler la facture d’énergie de 250€ annuelle et non mensuelle comme elles l’avaient imaginée. Côté énergie renouvelable, la commune n’est pas en reste : chaufferies bois pour les bâtiments communaux, multiplication des toitures solaires photovoltaïques, et surtout modernisation et remise en service de la centrale hydroélectrique dont l’exploitation avait été abandonnée par EDF en 1962. Ce ne sont pas une mais trois turbines (sur deux sites) qui ont été mises en service en 2020. L’électricité produite et vendue à Enercoop couvre l’équivalent des consommations d’énergie de la municipalité.

Grâce à tous ces projets et efforts réalisés, la Commune consomme aujourd’hui moins d’énergie qu’elle n’en produit. 293% des besoins énergétiques de l’administration communale sont produits par les installations d’énergie renouvelables de la commune.

Face à la crise, la commune se tourne vers l’autoconsommation

Avec la flambée des prix de l’énergie cette année, la commune a décidé de ne pas renouveler son marché de fourniture d’électricité renouvelable avec Enercoop, le prix du kWh étant passé de 7,5cts à 32cts. Malgré ses efforts de sobriété et d’efficacité énergétique, la facture d’énergie de la municipalité aurait augmenté mécaniquement de l’ordre de 25 000 € par an. L’autoconsommation collective est donc vite apparue comme la solution à la crise. L’étude confiée à ENOGRID a rapidement confirmé qu’en consommant directement l’énergie produite par ses centrale hydroélectrique, la municipalité pouvait être autonome à 95% (les 5% restant correspondent aux périodes d’inondation ou d’étiage sévère du cours d’eau, rendant impossible la production hydroélectrique). A la clé, ce sont 43 000 € environ d’économie par an, seul le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité (TURPE) continuant à devoir être réglé par la commune. De quoi poursuivre sereinement la transition énergétique du territoire. Un nouveau toit solaire sera installé en 2023 sur la nouvelle halle de marché pour répondre aux besoins diurnes de la Commune et prioriser la production hydroélectrique sur les besoins nocturnes (10%).

Désormais, la municipalité n’est plus exposée à l’explosion des prix de l’énergie.

Changement d’échelle en perspective

Le taux d’autonomie énergétique du territoire ne dépasse pas quant à lui 7% et ne permet pas de préserver les habitants et les acteurs économiques de la hausse des prix de l’énergie. La commune souhaite ainsi poursuivre le développement des énergies renouvelables et de mieux les accompagner dans les économies d’énergie.

Pour atteindre son ambition TEPOS, ce sont 12 GWh supplémentaires qu’il est nécessaire de produire. La solution ? Des éoliennes ! Il suffirait de 2 éoliennes pour couvrir les besoins électriques du territoire alors qu’il faudrait l’équivalent de 7 terrains de foot en solaire PV. Reste à convaincre les communes voisines et à monter un projet en coopération avec les citoyens. Qui sait, peut-être une future coopérative citoyenne pour l’autoconsommation collective ?