Amiens : un réseau de chaleur urbain innovant
Depuis 2017, la ville développe son réseau de chauffage urbain. Alimenté par cinq sources d’énergie renouvelable et de récupération, ce réseau distribue la chaleur aux habitations collectives et établissements du tertiaire. Un élément phare de la stratégie de transition écologique du territoire.
« Aujourd’hui, le réseau de chaleur d’Amiens, c’est 75 km, 350 abonnés et 41 000 tonnes de CO2 évitées chaque année », chiffre Vincent Pibouleu, responsable de département chez Engie et directeur général d’Amiens Energie. Première société d’économie mixte à opération unique (SEMOP) dans le domaine de l’énergie en France, Amiens Energie a été créé à l’initiative de la ville pour construire ce réseau de chaleur alimenté à 60% par les énergies renouvelables, et l’exploiter sur 25 ans. Cette structure a vocation à faciliter la gestion du service public de la chaleur urbaine. La SEMOP est détenue à 51% par Engie Solutions, 34% par la ville et 15% par la Banque des territoires. « Nous bénéficions de l’infrastructure d’Engie, qui nous assiste dans la gestion, la partie juridique, l’achat et la technique », précise-t-il.
Un réseau vertueux
Le réseau de chaleur d’Amiens repose sur un mix énergétique diversifié d’énergies locales renouvelables : « récupération d’énergie sur les eaux usées à la station d’épuration, biomasse, géothermie sur nappe, biogaz et récupération de chaleur sur des unités de cogénération (chaleur et électricité). » 8,5 millions de m3 d’eau usées sont ainsi traités chaque année. Six pompes à chaleur permettent de valoriser l’énergie récupérée. Parmi les chantiers en cours pour étendre le réseau, l’interconnexion de la deuxième centrale d’épuration industrielle aux pompes à chaleur existantes. « Nous essayons de faire de la récupération fatale », explique Vincent Pibouleu. Autrement dit, cette énergie excédentaire est captée pour être intégrée dans le réseau. Après la chaufferie biomasse Vauvoix, une deuxième chaufferie de 14 MW est en construction au sud de la ville. Objectif : la faire tourner à 30% avec des déchets verts et y raccorder le CHU à l’été 2025. Amiens disposera alors de dix centrales de production disséminées sur son territoire. Un réseau de froid géothermique est aussi en cours de déploiement sur la nouvelle ZAC Gare la Vallée. Il permettra d’alimenter sept bâtiments tertiaires. Près de 140 millions d’euros ont été investis pour créer et déployer ce réseau de chaleur urbain, créant 1500 emplois depuis 2018 (pour la construction et la fourniture d’équipements).
Sortir de la dépendance aux énergies fossiles
En centre-ville, ce réseau alimente l’annexe du CHU, la clinique Victor Pauchet, la Polyclinique de l’Europe et 26 800 logements (copropriétés et parc social). « La collectivité récupère plus de 750 000 euros de redevance d’occupation du domaine public », informe-t-il. Des revenus réinvestis dans la rénovation thermique des logements pour les habitations qui ne sont pas raccordables au réseau. C’est le cas des amiénoises, ces maisons typiques en brique. La fin des travaux d’extension du réseau est prévue pour 2026. « Quand tout sera en fonctionnement, nous utiliserons à peine 8 à 10% de gaz », précise Vincent Pibouleu. Nous avons fait les trois quarts du chemin pour atteindre l’autonomie énergétique fixée pour 2050 par nos élus. »
Cartographie du réseau de chaleur et du réseau de froid de l’agglomération d’Amiens (2024) :
Sources :