Le programme Slime, une opportunité pour les territoires dans la lutte contre la précarité énergétique

Entretien avec Marie Moisan, coordonnatrice du programme Slime au CLER - Réseau pour la transition énergétique.

Le programme Slime, qu’est-ce que c’est exactement ?

Le programme Slime est un outil d’ingénierie territoriale, en place depuis 2013, qui permet d’apporter du financement et de coordonner le travail des collectivités qui engagent des actions de lutte contre la précarité énergétique, via le dispositif des Certificats d’Economies d’Energie (CEE). Il vise à structurer l’intervention des acteurs du territoire autour des ménages en situation de précarité énergétique. Pour cela, 3 étapes sont identifiées :

• l’organisation d’une chaîne de repérage liée aux ménages en difficultés énergétiques;
• la réalisation d’un diagnostic socio-technique au domicile pour identifier la situation;
• l’orientation des ménages vers des solutions adaptées et durables.

Pour participer au programme, il faut déposer un dossier de candidature (3 dates de dépôt possibles par an), avec l’aide des responsables de projets du CLER – Réseau pour la transition énergétique.

A ce jour, plus de 40 collectivités déploient la méthodologie Slime dans leur territoire et participent, sur le terrain, à lutter contre la précarité énergétique.

En quoi est-il complémentaire avec des initiatives de lutte contre la précarité énergétique déjà en place sur les territoires ?

maillage territorial autour des initiatives de lutte contre la précarité énergétique pour les ménages les plus modestes. En ce sens, il ne vient pas créer un dispositif en plus, mais bien organiser le territoire en fédérant les acteurs de la précarité énergétique. L’objectif est de réussir à établir un chaînage efficace de la détection des ménages les plus précaires jusqu’à leur prise en charge en termes d’orientation.

C’est pourquoi l’animation territoriale est un élément essentiel du programme Slime.

Quels résultats avez-vous pu observer sur le terrain ?

Sur le terrain, le lien entre les acteurs apparaît renforcé et permet de mieux aiguiller le ménage suite aux visites effectuées.

La visite gratuite au domicile du ménage par les chargé·e·s de visite amène de l’humain dans ces situations difficiles. C’est aussi un moment d’échange, de pédagogie (avec la pose de petits équipements), apprécié par les ménages bénéficiaires. Le programme a aussi pour objectif d’améliorer immédiatement le confort des ménages suite à la visite. Les retours des collectivités sont positifs. François Cuillandre, Maire de Brest et Président de Brest Métropole par exemple, juge que c’est un outil efficace pour faire face à l’urgence de la crise actuelle puisqu’il permet de mobiliser tous les acteurs du territoire et proposer des solutions adaptées aux ménages en difficulté.

Quel est l’intérêt pour une collectivité de porter un programme et quelles sont les conditions selon lesquelles elles peuvent candidater ?

Pour les collectivités, piloter un dispositif Slime permet de contribuer aux orientations politiques et feuilles de route en termes d’aménagement, de lutte contre la précarité énergétique et de rénovation thermique de l’habitat. C’est également accéder à des financements via le dispositif des CEE pour les actions engagées par la collectivité. Les actions  éligibles aux CEE dans le cadre du programme sont variées (temps de travail des agents, achat d’équipements, déplacements, prestations diverses, subvention à des partenaires du dispositif, etc.). En 2022, le Slime a permis de cofinancer jusqu’à 70% des dépenses des collectivités déployant la méthodologie sur le territoire.

La mise en réseau avec les autres collectivités membres du programme Slime ainsi qu’un séminaire annuel sont aussi très appréciés. Ces temps valorisent les échanges de pratiques et d’outils et visent à l’amélioration du programme et son appropriation par toutes et tous.
Le CLER – Réseau pour la transition énergétique développe également des formations, kits d’évaluation, outils de communication et un logiciel d’animation et de suivi des visites pour permettre aux collectivités d’être le mieux outillées possible.

Pour candidater, la collectivité doit cibler, la première année, au moins 1 /1000 des ménages de son territoire d’intervention, et s’engager à réaliser a minima 50 visites par an. Si elle respecte ces objectifs chiffrés, toute  collectivité, quel que soit son échelon territorial,  peut s’emparer du programme pour en faire un réel outil de lutte contre la précarité énergétique.