« Libelul », l’autopartage se teste en zone rurale
Depuis quelques semaines, les habitants de deux petites communes drômoises disposent de voitures électriques en autopartage. Accompagnée par l’association Dromolib, cette expérimentation cherche à démontrer la possibilité d’un modèle économique viable en zone rurale, pour ce service. Matyline Chasles, cheffe du projet, explique pourquoi et comment.
Depuis sa création, en 2014, l’association Dromolib se consacre à la promotion de l’écomobilité, en Drôme : pourquoi se retrouve-elle, aujourd’hui, exploitante d’un parc de voitures électriques en autopartage ?
Nous explorons toutes les voies de l’écomobilité en territoire rural, en partenariat avec plus de 200 acteurs publics et privés, dont cinq de nos huit communautés de communes. Cela commence effectivement par informer et former tous les publics au bon usage des solutions existantes. Mais Dromolib peut aussi accompagner, au stade du diagnostic ou des études, de nouveaux projets. Nous n’avons pas vocation à en assumer, ensuite, l’exploitation… sauf s’il n’y a pas d’autre moyen d’aller au bout de la réflexion. C’est le cas pour l’autopartage, qui doit encore faire la démonstration de sa viabilité en milieu rural. C’est pourquoi, depuis mi-décembre, nous mettons quatre voitures électriques à la disposition des habitants du bourg d’Aouste-sur-Sye et des usagers de la petite zone d’activité L’Écosite du Val de Drôme, à Eurre. Cette expérimentation, nommée Libelul, est financée par l’Europe (Fond FEDER), la Biovallée (Territoire d’innovation de la Caisse des Dépôts et consignation) et les Communautés de Communes de Val de Drôme en Biovallée et du Crestois, pays de Saillans. Nous impliquons étroitement ses bénéficiaires et ses partenaires pour réduire ses coûts au maximum et rendre possible sa pérennisation. Dans deux ans, si le résultat est concluant, une autre organisation prendra le relai.
Comment fonctionne le service ?
Sur chaque site, deux voitures sont positionnées à une borne de rechargement rapide, où elles sont prises et rebranchées pour une durée allant de 30 minutes à 48 heures. La gestion pratique – réservation, paiement, état des lieux, prise en charge et restitution – est assurée par la plateforme spécialisée Clem’. Nos équipes accompagnent les utilisateurs dans leurs premiers pas : essai des véhicules, présentation des bornes de recharge, inscription sur la plateforme… Quant aux tarifs, ils démarrent à 6 € de l’heure – 4,50 avec un abonnement mensuel de 15 euros – rechargement, assurance et nettoyage compris.
Quels sont vos objectifs ?
10 000 kilomètres par an et par véhicule, ce qui correspond à 70 utilisateurs réguliers. Ce n’est pas le seuil de rentabilité – il se situe plutôt autour de 20 000 kilomètres – mais un niveau qui laisserait aux collectivités locales une contribution acceptable.
Quels sont les premiers enseignements ?
Le service a été lancé dans sa configuration définitive le 1er février, après six semaines de test : on ne peut donc parler que d’indications. Le 1er mars, les quatre véhicules avaient totalisé 5 000 kilomètres, pour une vingtaine d’utilisateurs réguliers. C’est un bon démarrage pour installer des habitudes et faire jouer le bouche à oreille, que nous allons soutenir par des animations. Le service semble intéresser autant les entreprises que les particuliers. Dans les deux cas, il s’agit de faire l’économie du véhicule d’appoint, peu utilisé mais coûteux… y compris pour la planète ! Rendez-vous dans deux ans pour les conclusions finales.