
Lutter contre la précarité thermique estivale avec le coolroofing inclusif
Membre du réseau TEPOS, Cool Roof promeut une solution innovante pour rafraîchir l’intérieur des bâtiments en période de canicule : le coolroofing. Engagée dans une démarche inclusive, l’entreprise veut toucher les plus précaires. Explications avec Gwendal Evenou, responsable de son pôle ESS-Solidarités.
Qu’est-ce que le coolroofing ?
Le coolroof, c’est une peinture réflective que l’on met sur un toit pour se protéger de la chaleur. Ce procédé s’inspire de l’effet albédo : le blanc rejette la chaleur quand le noir la récupère et l’emmagasine. Ce concept est connu depuis 2500 ans chez les Grecs. En période de canicule, la peinture que nous proposons va permettre de rejeter en plus les ultraviolets de la lumière et de faire un gain moyen de 7°C à l’intérieur des bâtiments.
Comment se traduit le côté inclusif de la démarche ?
Cool Roof a la volonté de travailler sur la question de la justice sociale et environnementale. Ce sont les plus précaires qui subissent le plus les vagues de chaleur. La question de la précarité thermique estivale, le fait d’avoir trop chaud dans son logement est une réelle problématique aujourd’hui. En travaillant en lien avec les collectivités, sur les bâtiments publics (gymnases, écoles), l’idée c’est d’avoir une vocation sociale en direction des plus démunis. Nous développons des partenariats avec des entreprises et chantiers d’insertion qui proposent des activités dans le champ de la transition à des personnes éloignées de l’emploi.
Pourquoi parler de « précarité thermique estivale » ?
Quand on évoque précarité énergétique en hiver, on comprend bien un manque de recours à l’énergie qui permet de se réchauffer l’hiver. Mais en été, on peut se passer d’énergie pour se protéger des chaleurs. C’est ce que permet une solution passive comme le coolroof. L’idée aussi c’est d’avoir une solution alternative aux climatiseurs, qui donnent un confort intérieur individuel mais rejettent de la chaleur à l’extérieur, et contribuent à augmenter la température extérieure.
Quel est l’impact thermique du coolroofing ?
En période de fortes canicules, le coolroof a permis de faire baisser de 10°C la température intérieure d’un gymnase à Tremblay-en-France. Le fait qu’un gymnase reste ouvert durant l’été a un impact social fort puisque les jeunes peuvent continuer à faire du sport. Les collectivités sont souvent confrontées à ce type de fermeture pour des raisons de santé publique.
Ce procédé pourrait-il être déployé à l’échelle d’un quartier, d’une ville ?
Le coolroof peut être un outil parmi d’autres, comme la végétalisation, d’adaptation au changement climatique. Des recherches internationales montrent que le coolroof à l’échelle d’un quartier îlot de chaleur urbain, permet de faire baisser la température ambiante. Nous sommes en train de développer un nouveau logiciel avec une société spécialisée dans les satellites, pour identifier les points chauds dans un quartier, une ville. Nous recherchons aussi des collectivités pilotes pour donner au coolroof une dimension collective, passer d’une réponse à un besoin individuel à la protection des populations.