Couverture de l'étude
Rénovation énergétique

Financer la rénovation des bâtiments des collectivités territoriales : mode d’emploi

« Comment financer la rénovation énergétique des bâtiments des collectivités territoriales ? » est la troisième étude produite par l’AFL, la Banque des collectivités, en partenariat avec l’INET . Son objectif ? Aider les décideurs locaux à passer à l’action. Ingénieur en chef territorial, Théo Gal est l’un de ses auteurs. Il revient sur ses principaux enseignements.

Pourquoi cette étude à destination des décideurs des collectivités territoriales en charge de la rénovation énergétique des bâtiments ? Ne sont-ils pas déjà à pied d’œuvre ?

Oui, mais le chantier n’en reste pas moins immense et complexe. Nous le rappelons en première partie, risquant le chiffre de 300 milliards d’euros à investir d’ici 2050. C’est un « mur » qui arrive vers les responsables locaux à grande vitesse, puisque le décret tertiaire leur impose une obligation de résultat dès 2030, pour les ensembles de plus de 1000 m². Or, ils sont à la tête d’un patrimoine cumulant les contraintes techniques, composé d’une majorité de bâtiments anciens, parfois classés, souvent situés en périmètre protégé et généralement occupés. Leurs budgets n’y suffiront pas, ni leur personnel. C’est encore plus vrai dans les petites collectivités, privées de services spécialisés. Une dernière remarque : nous avons lancé notre étude avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique. Celle-ci est venue rappeler que l’énergie était le deuxième poste de dépenses de fonctionnement des collectivités françaises. En plus de l’environnement, leur portefeuille leur commande aussi d’agir.

Leur apportez-vous des solutions concrètes ?

Nous parlons d’étude parce que ce travail repose une recherche documentaire exhaustive, mais sa vocation est avant tout de fournir aux acteurs concernés un mode d’emploi pratique de la rénovation énergétique. C’est d’ailleurs l’intitulé de sa seconde partie. Notre première préconisation aux collectivités, même petites, est de se doter d’une stratégie patrimoniale, assise sur un diagnostic sérieux. Or, d’après l’ADEME, seule 21 % d’entre elles étaient allées au bout de cette tâche, en 2019. C’est pourtant indispensable pour ne pas se tromper de priorité et planifier son effort dans la durée. Au passage, nous rappelons que la sobriété foncière est le plus efficace des leviers pour réduire sa consommation d’énergie. Ensuite, nous recensons les outils permettant de lever le verrou du manque d’ingénierie. Pour les collectivités petites et moyennes, il existe plusieurs solutions de mutualisation, mise en œuvre tantôt par les EPCI, les départements ou les syndicats d’énergie. Enfin nous passons en revue les solutions de financements, dont certaines sont trop peu connues, comme l’intracting, qui consiste à faire payer les travaux par les économies qu’ils vont générer. À la fin de leur lecture, ils ont donc toutes les cartes en main…

En conclusion, avez-vous un dernier conseil à leur adresser ?

De ne pas tout attendre de la technique. Les coûts de rénovation peuvent grimper très vite, pour un bénéfice marginal réduit. Le plus sophistiqué des systèmes de régulation thermique n’a qu’un intérêt limité si l’on continue d’estimer qu’il faut 22° dans un bureau. La sobriété passe aussi par celle des usages et, comme on l’a vu cet hiver, les bonnes habitudes peuvent se prendre sans attendre !