Crédit : Michel BOST – CNR
Crédit : Michel BOST – CNR
17 juillet 2025
Énergies renouvelables

Photovoltaïque linéaire : un nouveau gisement solaire

Le photovoltaïque linéaire s’installe le long des infrastructures de transports pour produire de l’électricité. Le point sur cette innovation avec Caroline Plaza, directrice générale de l’Institut Becquerel France et spécialiste du solaire photovoltaïque et de la transition énergétique.

En quoi consiste le photovoltaïque linéaire ?

Le photovoltaïque linéaire est d’abord caractérisé par la géométrie des terrains sur lesquels il se déploie : des fonciers caractérisés par une grande longueur et une faible largeur : digues, canaux, routes, voies ferrées… Les installations peuvent avoir des architectures électriques très diverses et sont à étudier au cas par cas, de manière à réduire les pertes liées au transport de l’électricité sur de longues distances. Le projet OPHELIA, par exemple, a conçu une architecture en courant continu à moyenne tension qui sera testée sur une installation PV en ombrières de la ViaRhôna, une véloroute du Rhône en 2025, mais il existe aussi du raccordement à différents points du réseau de distribution dans le cas de panneaux solaires intégrés sur les murs anti-bruit d’une autoroute en Suisse.

Ce qui est commun à l’ensemble des projets photovoltaïques linéaires, c’est leur déploiement sur des emprises foncières qui font déjà l’objet d’un usage et leur nécessaire compatibilité avec cet usage. Il s’agit d’une utilisation vertueuse de l’espace. Ainsi par exemple, en Inde, des panneaux disposés sur des canaux d’irrigation viennent limiter l’évaporation. En Allemagne, au-dessus d’une piste cyclable, ils protègent les cyclistes des intempéries.

Le photovoltaïque linéaire ne consomme qu’un foncier déjà anthropisé, et présente sans doute, de ce fait, une plus grande acceptabilité.

Caroline Plaza Directrice générale de l’Institut Becquerel France

Quels sont les avantages et les limites du photovoltaïque linéaire ?

La CNR, qui coordonne le projet OPHELIA, expérimente le photovoltaïque linéaire sur ses ouvrages le long du Rhône et estime à 35 gigawatts-crète le gisement photovoltaïque des terrains anthropisés le long des canaux, des berges, des routes et véloroutes en France. La SNCF étudie également l’intégration des modules PV le long des voies de chemin de fer. Pour mémoire les objectifs photovoltaïques de la France sont de 54 GWc en 2030 et la puissance installée actuelle est de l’ordre de 24 GWc.

Ce qui pourrait freiner le développement de ces projets aujourd’hui, ce sont à la fois le besoin de démonstration de l’adaptation aux contraintes d’exploitation et de maintenance des infrastructures, l’instruction de ces projets et les modèles d’affaires. L’emprise des terrains concernés peut s’étendre sur le périmètre de plusieurs collectivités, il peut s’agir de domaine public, de propriétaires privés, de concessionnaires… tout cela peut rendre le montage des dossiers ou des appels d’offres plus complexes.

Mais les avantages sont réels. Le photovoltaïque linéaire ne consomme qu’un foncier déjà anthropisé, et présente sans doute, de ce fait, une plus grande acceptabilité. Comme l’agrivoltaïsme, les ombrières ou les panneaux solaires flottants sur des réservoirs d’eau, le photovoltaïque linéaire associe plusieurs usages : il fait de nos infrastructures de transport de potentielles sources de production d’électricité. Enfin, comme l’ensemble de la filière photovoltaïque, il présente une grande diversité de technologies et de dimensionnements : panneaux horizontaux ou verticaux, ombrières, intégration aux chaussées, aux traverses de chemin de fer, aux murs antibruits… qui répondent à de multiples usages. Il peut ainsi contribuer, aux côtés de tous les autres segments de l’énergie photovoltaïque, à la massification des énergies renouvelables.

➡️ Aller plus loin : Sur le site de l’ADEME, le projet lauréat France 2030 OPHELIA qui vise à développer la filière photovoltaïque linéaire.