Vivre ensemble en Clunisois dans le monde d’après
La Communauté de Communes du Clunisois s’est dotée d’un ambitieux projet de territoire, avec en toile de fond la sobriété et la neutralité carbone. Garantir la compréhension et l’appropriation de ces ambitions nécessite un engagement et une communication transversale sur le territoire, et au-delà. Une démarche de co-construction exemplaire a ainsi été menée avec les communes et leurs services, ainsi que les collectivités voisines.
Echange avec Jean-Luc Delpeuch, président de la communauté de communes du Clunisois
Co-construction et concertation
Il aura fallu un peu moins d’un an pour que le projet de territoire soit adopté par le conseil communautaire, le 31 mai 2021. Mais plus que le délai, c’est le processus de concertation et de co-construction choisi par Jean-Luc Delpeuch, président de la Communauté de Communes du Clunisois qui est à souligner.
75 réunions pour poser un diagnostic partagé
« C’est dans la relecture des choses qu’on comprend ce qu’on a fait »
L’originalité de la démarche de construction du projet de territoire du Clunisois réside dans la concertation non pas seulement avec les communes membres de l’intercommunalité, mais également au-delà de ses frontières, auprès des intercos voisines.
Ces réunions avec les présidents des intercommunalités limitrophes n’étaient pas des entretiens préparés et guidés : le seul ordre du jour était d’échanger sur la vision des intérêts communs identifiés de part et d’autre, pendant une à deux heures. Par une posture d’écoute et de bienveillance, Jean-Luc Delpeuch a ainsi pu identifier les différents sujets qui émergeaient chez ses voisins, et procéder à une analyse permettant de croiser les intérêts et projets communs entre le Clunisois et les territoires voisins.
Au total, afin d’aboutir au diagnostic préalable au projet de territoire, il aura fallu :
- Débattre des besoins fondamentaux des habitants du Clunisois au sein des 13 commissions thématiques portées par les vices-président.es
- Organiser des réunions de « voisinages », c’est-à-dire de groupes de communes proches géographiquement et habituées à coopérer entre elles
- Échanger avec les 8 intercommunalités limitrophes pour imaginer des projets fédérateurs au-delà des frontières administratives
- Porter le sujet au cours des débats en conseils communautaires et en conseil des maires.
Un projet de territoire adopté à l’unanimité
Fruit de cette concertation et co-construction, le projet de territoire a donc pu être adopté sans heurts et sans polémique.
Après avoir posé le diagnostic, chaque commission thématique et chaque comité de voisinage a identifié les 3 principaux projets à inscrire dans le projet de territoire, en identifiant à chaque fois : le ou les maîtres d’ouvrage pressentis, l’évolution du reste à charge communautaire sur le projet en investissement et en fonctionnement, les bénéfices du projet du point de vue environnemental, économique et emploi, et social et culturel.
Cette co-construction et concertation a facilité l’appropriation des projets en concordance avec les attentes et réalités locales, et donc sa mise en œuvre.
Le « mieux-vivre ensemble » pour parler de sobriété et d’efficacité énergétique
Il existe de nombreuses convergences entre ce qu’on ferait pour simplement rendre la vie plus agréable, et ce qu’on devrait faire pour réduire notre empreinte. Convaincu par cela, Jean-Luc Delpeuch préfère parler de « mieux-vivre » que de sobriété par exemple. Ainsi, alors que tout le projet de territoires en est empreint, le mot n’apparaît nulle part.
La notion de maillage est également fondamentale : en adoptant l’approche par voisinage, le Clunisois a pu identifier au sein de son projet de territoire des actions locales qui, additionnées les unes aux autres, concourent à l’atteinte des objectifs climat énergie que l’intercommunalité s’est fixée, que ce soit en ce qui concerne les rénovations de patrimoine, l’accès aux services de proximité, le développement des énergies renouvelables, etc.
Cette approche permet également de mettre en valeur le fait que la maîtrise d’ouvrage n’est pas nécessairement du ressort de l’intercommunalité : la notion de compétence communautaire n’est donc dans ce cas-là plus limitante.
Les actions phares du projet de territoires
- Information et formation des habitants avec les « Ateliers des possibles » (223 participants en 2022) : partage de savoir-faire entre habitants afin de favoriser le réemploi et la fabrication par soi-même dans un souci de sobriété (à chaque atelier sont présentés la Fresque du Climat et l’atelier Inventons nos vies bas carbone).
- Projet d’installation de panneaux photovoltaïques en toiture sur les bâtiments communaux en collaboration avec la Centrale Villageoise Soleil Sud Bourgogne et le SYDESL : proposition d’un groupement de commande, fourniture à chaque mairie d’une étude du potentiel photovoltaïque des bâtiments communaux et toitures privées à fort potentiel.
- Projets de champs photovoltaïques sur 3 communes en collaboration avec la chambre d’agriculture (étude des sols) et Enercoop.
- Poursuite de la rénovation globale des bâtiments de la communauté de communes entamée dès 2015 avec le programme TEPCV.
- Mise en œuvre d’un plan de mobilité : renforcement des transports collectifs et développement des mobilités partagées et des mobilités actives, et axe transversal autour de la communication et de la sensibilisation afin d’encourager les changements de comportement.
- Mise en place d’une navette rurale entre un secteur et son pôle de proximité (minibus a été acheté par la communauté de communes et il est conduit par des bénévoles).
- Ouverture d’un atelier d‘auto-réparation de vélos.
- Installation de 100 arceaux de stationnement vélos.
- Jalonnement de 34 km d’itinéraires vélos (avec de marquage au sol et des panneaux de signalisation).
- Projet Alimentaire Territorial, visant la reterritorialisation de l’alimentation : accompagnement de la dynamique agricole du territoire et sa diversification (recherche de foncier agricole, transmission des fermes), approvisionnement de la restauration collective avec des produits locaux et de qualité (organisation de salons de la restauration collective et de réunions techniques avec les fournisseurs et les acheteurs de la restauration collective), préfiguration d’un abattoir de proximité, accompagnement d’un projet de cuisine centrale s’appuyant sur un approvisionnement local et de qualité.
Du temps et de l’argent
Du temps, il en faut pour co-construire une vision comme celle du Clunisois. Pas seulement de la part du Président et des équipes, mais de tous les acteurs du territoire. Or, le risque est de sur-solliciter, de saturer ceux qui s’engagent sur le territoire. Il est important de savoir doser les sollicitations et de se doter en interne de suffisamment d’ingénierie pour poursuivre le travail.
Mais pour cela il faut de l’argent !
« Aide-toi et le ciel t’aidera »
Ayant déjà été identifié comme territoire pionnier sur différents sujets touchant à la transition (en étant lauréat de plusieurs appels à projets), le Clunisois est maintenant sollicité directement : ce fut le cas avec le programme Territoire d’Engagement de l’ANCT. Le Clunisois a ainsi été le premier territoire contractualisé et engagé dans la démarche, lui faisant bénéficier d’un doctorant financé à 100% afin de dynamiser l’engagement citoyen et associatif autour de projets de développement territorial.
L’élu souligne que les nombreux postes ayant bénéficié de financements mériteraient d’être pérennisés et que les territoires doivent malgré tout faire preuve de courage pour payer pour la transition, dans un contexte qui ne leur est pas toujours favorable !