
Un poste mutualisé pour trois centrales villageoises savoyardes
L’Asder est partie prenante du projet européen Recrosses - aux côtés de l’association des Centrales Villageoises - qui vise à soutenir le développement de projets d’énergie citoyenne en régions frontalières franco-italiennes. En charge de l’accompagnement des communautés d’énergies renouvelables en Savoie, l’Asder a franchi un cap début 2025 en accompagnant trois d’entre elles vers la structuration d’un emploi mutualisé. 6 mois après le lancement de ce poste, retour sur cette réussite avec Hugo Bérard, chargé de mission collectivités à l’Asder.
Accompagner la professionnalisation des centrales villageoises
On compte huit collectifs citoyens de production d’énergie en Savoie. Trois d’entre eux (*) sont situées sur des territoires voisins, autour de Chambéry, et ont exprimé courant 2024 le besoin de se professionnaliser. Si le besoin est partagé, la solution n’était pas évidente puisqu’aucun des collectifs ne souhaitait franchir le pas de l’embauche en propre. Devenir employeur implique de trop lourdes charges (administrative, RH, etc.) pour de petites structures bénévoles. L’Asder a alors accompagné la structuration d’un poste mutualisé, en apportant de l’ingénierie sur le montage financier, puis en assurant le portage de ce poste mis à disposition des trois centrales villageoises. Concrètement, cet ETP est financé de la manière suivante : 30% par les trois centrales villageoises, 10% par le Grand Chambéry et la Communauté de communes Cœur de Savoie, et 60% par des fonds Leader. Ce montage est encadré par une convention signée en janvier 2025 pour une durée de deux ans.
Pérenniser ce poste, un enjeu prioritaire
Pour Nicolas, qui occupe ce poste mutualisé, c’est un jonglage permanent entre les trois centrales villageoises : trois boîtes mails à consulter, trois collectifs à gérer. Au-delà de l’enjeu de la gestion du temps et des urgences au quotidien, la priorité numéro une est de sécuriser ce poste dans la durée. Les co-financements Leader et EPCI prendront fin en 2027, c’est pourquoi un modèle économique basé sur un autofinancement par les trois centrales villageoises a été mis sur la table dès le début des réflexions autour de cette création de poste. Avec 1,1 MW de puissance installée aujourd’hui, les trois collectifs visent les 2 MW en 2027, ce qui permettrait de financer 100% du poste à la fin de la convention. Selon Hugo Bérard, cette trajectoire est réaliste, bien qu’elle ait été fragilisée par la mise à jour de l’arrêté tarifaire sur le photovoltaïque en février 2025. Cela va contribuer à réduire la taille des projets, ce qui pourrait rendre les 2 MW un peu moins rapide à atteindre.
Les autres centrales villageoises savoyardes sont à des stades de maturité différents, mais pourraient reproduire ce modèle d’emploi mutualisé lorsqu’elles seront prêtes, riches de cette première expérience locale.
Le co-bénéfices de ce portage par l’Asder
C’était l’une des raisons qui a motivé la création de ce poste mutualisé et porté par l’Asder : lutter contre l’isolement du salarié et lui donner accès à l’expertise et aux ressources de l’Asder. Ce double intérêt apporte une réponse concrète aux difficultés que rencontrent les centrales villageoises qui souhaitent embaucher, en offrant des conditions de travail pérenne et une vie d’équipe.
Un peu plus de 6 mois après la création de ce poste mutualisé, Hugo Bérard fait aussi état de co-bénéfices qui n’avaient pas vraiment été identifiés initialement. Si la crainte d’une démobilisation des bénévoles avait été exprimée avec l’arrivée d’un salarié, c’est plutôt le contraire qui s’est produit : la marche franchie par la création d’un poste dédié a redonné du souffle aux collectifs, tout en réduisant la charge mentale des bénévoles (qui sont principalement des actifs sur deux des trois collectifs). On constate aussi une nouvelle dynamique de mutualisation y compris entre bénévoles, avec des rapprochements faits entre les trois centrales villageoises. Enfin, l’arrivée d’un salarié a permis de diversifier les projets développés par les collectifs, en allant sur d’autres énergies renouvelables. Une des centrales villageoises se lance notamment sur la chaleur renouvelable.
(*) Les 3 centrales villageoises qui se sont rapprochées autour de ce poste mutualisé :
- Energicimes (bassin chambérien): https://energicimes.fr/
- Perle (plateau des Bauges) : https://www.perle.centralesvillageoises.fr/
- Solaret (sur la Combe de Savoie) : https://www.solaret.centralesvillageoises.fr/
➡️ Pour plus d’infos : Hugo Bérard – hugo.berard@asder.asso.fr